lundi 2 mai 2016

Panique chez les Brigandes

publié dans Rivarol du 5 mai 2016
Panique au QG des Brigandes. Ce n’est pas une, mais quatre réponses que le groupe a faites à notre dossier. Il faut dire qu’à la suite de sa publication, Civitas annulait le concert prévu au défilé en l’honneur de Jeanne d’Arc le 8 mai et que les blogs traditionalistes et nationalistes les plus fréquentés relayaient l’information. Fébriles, les Brigandes se précipitèrent à rédiger un premier texte. Ce premier communiqué, un peu décevant, il faut bien l’avouer, se contentait d’accuser les catholiques d’avoir détruit les temples grecs, et votre serviteur d’aspirer à un affreux « ordre mondial jésuito-catholique ». Il égratignait également la cible favorite de Joël Labruyère, les jésuites, en évoquant le « caractère occulte des Exercices d’Ignace de Loyola » semblables à ceux des « lamas tibétains ». Quand on veut défendre son image de catho tradi et de royaliste, c’est pour le moins maladroit. Un deuxième communiqué lui succéda le jour même. Il était plus savoureux. Il fallait frapper fort : elles accusèrent nos témoins d’être, qui sataniste et opposant au Vlaams Belang, qui « une sorcière du Nouvel âge », qui un franc-maçon (pourtant n’ont-elles pas défendu une forme de maçonnerie “blanche” ?) Bref, ces deux communiqués péchaient, le premier par sa timidité, le second par son ridicule ; un droit de réponse en bonne et due forme fut donc pondu le lendemain et répandu urbi et orbi.

Autre révélation de la deuxième mouture : nous aurions bientôt des révélations sur le commanditaire de ce dossier. Au bout de plusieurs jours de suspens insoutenable, voici ce que les Brigandes produisirent : « Pour prix de sa collaboration, le directeur de RIVAROL se verra récompensé d’un bon point de la part de la Compagnie de Jésus et d’un laisser-passer gouvernemental pour continuer à paraître librement. », « Bourbon est mandaté pour cette opération de lynchage médiatique, on ne sait en échange de quelle rémunération et protection (sic !) ». Tout cela est grotesque et en dit long sur la paranoïa du groupe. 

Une, deux, Trois, quatre réponses !

Dans le droit de réponse [voir page 4 de l'édition papier], les Brigandes ne purent que nier le qualificatif de secte, tenter de discréditer Lovinfosse qui aurait inventé « un scénario de gourou et de secte » ainsi que Jean-Luc de Meyer, autre adepte rescapé qui serait sataniste par association. En revanche, elles furent obligées de reconnaître qu’elles avaient un « ami retraité » aux « idées originales façon new age » qui ne seraient pas les leurs. Nous avons fait la preuve du contraire dans le numéro précédent. C’est avant tout l’obsession des jésuites que Labruyère a toutes les peines du monde à dissimuler. Obsession qui est par conséquent celle des Brigandes. Contentons-nous d’évoquer ici les liens entre les affirmations délirantes de la chanson « Le Rat Jèze » et la prose farfelue de Labruyère (pour les personnes intéressées un comparatif plus complet est disponible sur notre site rivarol.com). Le naufrage du Titanic, qui aurait, selon les Brigandes, les jésuites pour responsables, est une idée exposée dans le numéro 14 de la revue Undercover de Labruyère [1]. La bombe envoyée sur Nagasaki, coup des jésuites pour nos justicières masquées, c’est encore une analyse chère à Labruyère [2]. L’idée que les jésuites promeuvent le nouvel ordre mondial (le lobby derrière RIVAROL, paraît-il) est le grief principal de Labruyère contre les jésuites dans son article « La Piste Jésuite » [3]. Une phrase de cet article est d’ailleurs reprise telle quelle dans la chanson « L’Antéchrist » : « Le loup vient le museau enfariné / Bêlant des paroles de paix / Par la bouche de son messager / Le jésuite ». Libre aux Brigandes de revendiquer leur totale indépendance vis-à-vis de Labruyère. Télépathie, peut-être ?

Et Labruyère entra en piste…

Mais l’aspect le plus drolatique de cette affaire reste à dire. Après le droit de réponse, Labruyère voulut intervenir sous son nom. Il nous envoya donc un courriel pour « préciser certains points sans chercher à [nous] influencer ». Il nous raconte d’abord ses faits de guerre, par exemple avoir été en 1965 « dans l’équipe de Roger Holeindre », nom qu’il orthographie avec deux « l ». Puis, il cherche à nous amadouer, s’exclame « vive le roi Bourbon », se pose en conseiller, s’excuse presque d’être “paternaliste”. Les ficelles sont très grosses. Pourquoi tant d’égards ? Pourquoi un courriel de deux pages, puisque l’homme n’a pas lu, dit-il, notre dossier (il n’a surtout pas relu son courriel, qui commence par les mots « en prenant connaissance de votre dossier ») ? Mais pour nous faire taire, pardi ! « Tout ce que vous ferez contre les Brigandes se retournera contre vous », « elles savent riposter », « je crois qu’il serait préférable pour tous de leur accorder un droit de réponse ». Et puis, c’est une manie chez Labruyère, il faut revenir sur les jésuites. « On me raconte que c’est la vidéo « Le Rat Jèze qui serait déclencheur de l’opération. » En réalité, c’est davantage leur défense d’une maçonnerie blanche, mais passons. « Il est vrai que depuis la dernière guerre on ne touche plus aux bons pères qui ont clos le bec des Maurras, Evola ou Rosenberg ». Vous aussi avez un sentiment de déjà vu ? Bon sang mais c’est bien sûr ! Dans le premier communiqué, les Brigandes évoquaient les mêmes auteurs persécutés par les jésuites. Là encore, ce n’est sûrement qu’un exemple de grands esprits qui se rencontrent, tout à fait par hasard. A quand l’évocation par les Brigandes d’« Ignace-le-Martien » [4] et l’invitation à retrouver son « moi elfique » [5] ? Ou mieux encore la mise en garde contre le révisionnisme : « Car, quoi qu’en disent les révisionnistes, les juifs ont souffert sous le joug jésuito-nazi (sic !) même si cela ne leur permet pas de s’attribuer le monopole de la souffrance. » (cf. la note 3). Dans le même ordre d’idée, Antoine Duvivier, secrétaire des Brigandes, a eu des vapeurs lorsque le site brigandes.wix.com soupçonnait ces dernières de douter de la Shoah et il s’est empressé de parler de “diffamation”.

Labruyère estime enfin dans son courriel que les Brigandes « ont accédé à une notoriété qui est comme une immunité ». Mais il n’est pas question de les empêcher de pousser la chansonnette. Seulement, qu’elles le fassent sous leur propre bannière et ne prétendent pas porter celle de la Pucelle, ni celle de la France catholique et royale. C’est pourtant ce qu’elles envisagent de faire puisque Labruyère annonce dans ce même courriel la sortie prochaine d’un CD célébrant la France chrétienne. Pour essayer de récupérer les catholiques troublés ? Difficile en tout cas d’aller plus loin dans le cynisme et le double discours !

De drôles de catholiques

Bien qu’il fût aisément vérifiable par toute personne de bonne foi que les Brigandes sont le porte-voix de Labruyère (il suffit de confronter ses écrits avec les chansons des Brigandes et les brochures que vend le Comité de salut public, le site officiel des Brigandes, pour le démontrer), d’aucuns nous ont reproché de reprendre des informations des media du Système, en particulier de citer un article du Point. Certains sont même allés jusqu’à prétendre que nous relayions le site antifasciste La Horde. D’abord, les “révélations” de La Horde consistaient à mettre en garde contre le groupe Ultra Sixties, dans lequel Marianne chante également, à cause de ses liens avec les Brigandes. Pas un mot sur le caractère sectaire du groupe. Ensuite, Le Point ne nous servait très accessoirement qu’à corroborer les témoignages que nous avions reçus. En réalité, ces grands media désinforment et manipulent en faisant croire que ce groupe est composé de militants catholiques convaincus et intransigeants, pour plaire à nos milieux, alors que la réalité est tout autre. Il n’est que de lire le long dossier de Technikart (n° 197, décembre 2015, six pages entières) pour s’étonner de la complaisance de leur envoyé spécial, Louis Henri de la Rochefoucauld. Les seules petites piques envoyées le sont à Labruyère, représenté comme une sorte de satyre au milieu de jeunes gens affairés. La Rochefoucauld, comme tous les media du Système, fait passer Marianne et ses consœurs pour de petites bourgeoises catholiques (le titre du dossier est « Sympathie pour le Christ ») et « d’extrême droite ». 

Les articles du Système, bien loin de les desservir, leur permettent donc en réalité de montrer patte blanche, pour reprendre une image chère à Labruyère. Lequel nous écrit en effet : « Vous vous en prenez à un groupe de femmes qui donnent du plaisir par leurs chanson. » La formule n’est pas bien heureuse, mais le développement a son intérêt. « Une vedette de la chanson qui vous met un petit air dans la tête ne pourra jamais paraître vraiment méchante. » En effet, les Brigandes ont l’air parfaitement inoffensives. Mais, quant à nous, nous savons à quoi nous en tenir. Nous avons fait notre devoir de mise en garde et n’y reviendrons pas à l’avenir (sauf nécessité) car RIVAROL a de nombreux autres sujets à traiter. 

“Apostate et dissidente”

Dans le droit de réponse des Brigandes, le témoignage des anciens adeptes dont trois ont eu le courage (honneur à eux !) de le faire à visage découvert (Monique Jaulin, Jean-Luc de Meyer et Annick Lovinfosse) est remis en cause. Nous nous y attendions. A défaut de répondre sur le fond des accusations portées contre elles, les Brigandes (ou plutôt leur gourou) essaient de discréditer les témoins en les calomniant, c’est un grand classique.

Soulignons d’abord que les personnes dont nous avons recueilli, confronté et recoupé les témoignages ne peuvent avoir aucun intérêt personnel à raconter sous leur vrai nom une expérience humiliante et traumatisante. Car ce n’est pas facile d’avouer publiquement, sous sa véritable identité, que l’on a été abusé pendant des années, détroussé, humilié, que l’on a cru soi-même durablement à ce qu’il faut bien appeler une imposture. Ils n’ont dans cette affaire que des coups à prendre, notamment de la part de la secte qui a tout intérêt à les attaquer et à se déchaîner contre eux (et contre nous par la même occasion). Ce n’est sans doute là qu’un début quand on voit comment ce groupe traite ses “dissidents”.

S’ils ont tenu à témoigner, et ils l’ont vraiment fait sans gaieté de cœur, c’était uniquement pour que la droite nationale ne se fasse pas infiltrer et manipuler par ce groupe, que des gens naïfs du milieu ne soient pas enrôlés dans leur « royaume elfique » et que la mouvance ne soit pas discréditée dans son ensemble au cas où de grands journaux — ou les pouvoirs publics — révèlent un jour le pot aux roses sur cette secte, l’amalgamant ainsi à toute « l’extrême droite » qui a assuré sans réserves la promotion du groupe.

Ces témoins ont tenu ci-après à répondre aux contrevérités énoncées par le groupe de Labruyère. De notre côté, nous avons eu accès à deux courriels très récents d’Antoine Duvivier, secrétaire des Brigandes, fort instructifs puisqu’il y désigne Annick Lovinfosse comme “apostate” et “dissidente” (on est loin là du vocabulaire de jeunes gens innocents poussant seulement la chansonnette), et propose de rédiger une promesse de silence et de non-agression qu’elle n’aura qu’à signer. Mais au fait… cela ne rappelle-t-il pas une certaine lettre dans laquelle Lovinfosse bat sa coulpe, avec signature manuscrite, et que les Brigandes donnent en pâture à tous les sites intéressés ? C’est « un protocole », ajoute Antoine dans le même courriel, dont il « connaît l’efficacité ». De là à penser que Lovinfosse n’a eu jadis qu’à signer une lettre toute faite concoctée par Labruyère…

Jérôme BOURBON

[1] « Ils [les jésuites] étaient présents, sur place, sur le navire, avant qu’il ne coule. Une organisation aussi puissante que la Compagnie de Jésus, qui jouissait d’un pouvoir colossal avant sa suppression, n’a jamais changé de cap, et a toujours visé l’établissement d’un Ordre Mondial sous l’autorité du Pape. Il est intéressant d’étudier l’histoire de l’Ordre par rapport aux crises nationales en germe — et ici, par rapport au Titanic. » nsd.007.free.fr

[2] « Et lorsque les Jésuites furent expulsés du Japon, il ne fut pas suffisant pour eux d’y retourner deux siècles plus tard et de mettre l’Empereur sous contrôle : ils eurent besoin d’une vengeance totale. C’est pourquoi la deuxième bombe atomique — bombe dont l’utilité militaire et stratégique fut nulle — tombe le 9 août 1945 sur Nagasaki, ancien fief des Jésuites d’où ils furent chassés. 150’000 japonais devront payer de leur vie. » dixit Sebastien Vaas dans une publication du C.R.O.M. fondé par Labruyère choix-realite.org

[3] « La Piste Jesuite », publication du C.R.O.M. 2012un-nouveau-paradigme.com

[4] bouddhanar.blogspot.fr Et dans La Piste Jésuite, déjà cité : « C’est une armée démoniaque qui a investi la Terre, et la liaison des Jésuites avec les Gris extraterrestres est plus que probable. »

[5] Retour au royaume elfique, spiritpartage.forumactif.com