vendredi 29 avril 2005

A Ben, à Florilège, à Baudelairec2000, à Eti Lène

J'ai bien noté vos questions et objections qui méritent en effet réponse. Je vais m'employer à y répondre mais je vous propose, si vous le souhaitez, de reprendre longuement et point par point toutes vos remarques et interrogations lors des fameuses quarante-huit heures désormais imminentes sur le sédévacantisme où je serais d'ailleurs très heureux que vous participiez, ne fût-ce que pour poser des questions et émettre des objections, toujours stimulantes pour le débat. 

Pour l'heure, je me contenterai de répondre à Baudelairec2000 que ce que je reproche radicalement à la FSSPX et à Mgr Lefebvre (d'où en effet la violence de ma charge), c'est précisément de ne pas avoir mené le bon combat. Je suis intimement convaincu que la Providence attendait de Mgr Lefebvre qu'il jetât l'anathème sur les modernistes, qu'il constatât publiquement la vacance du Saint-Siège depuis la mort de Pie XII (qui peut nier que tout va mal dans notre monde depuis 1960? Sans pape, le monde court à sa ruine!). Au lieu de cela, il a préféré la combinazione, la diplomatie. On ne lui demandait pas d'abord d'ordonner des prêtres mais de confesser la foi, de frapper à la tête. C'est pourquoi, dussé-je encore me faire beaucoup d'ennemis, je maintiens que le prélat d'Ecône a été objectivement le fossoyeur de la Tradition catholique. Et si la FSSPX comme c'est probable se rallie, la trahison sera complète. 

Car, cher Eti, soyons sérieux, vous voyez la réalité non telle qu'elle est mais telle que vous voudriez qu'elle soit. Honnêtement qu'est-ce qui a concrètement changé dans l'église post Vatican II pour que l'on puisse comme vous le faites tout à coup se montrer si enthousiaste? Vous évoquez certains discours de Joseph Ratzinger mais vous omettez tous les autres qui vont dans le sens de la pleine adhésion à Vatican II, à la liberté religieuse. Ne savez-vous que le propre du moderniste est d'alterner les discours d'apparence orthodoxe et les déclarations hétérodoxes? Mais en fait vous le savez très bien, vous qui citez souvent Pascendi.
 
Je vais vous dire votre problème : vous êtes sincèrement révolté par le traitement infligé par Mgr Fellay à l'abbé Laguérie que vous chérissez et par conséquent vous vous sentez désormais plus proche du Vatican et des Ecclesia Dei que de la FSSPX. C'est votre liberté mais dites-le clairement. Vous êtes sur la voie du ralliement. Et pour justifier cette démarche, vous devez nier ou minorer la réalité de ce qu'est l'église conciliaire, ses scandales, son apostasie, ses hérésies. 

Cher Baudelairec2000, vous me dites que Vatican I est plus complexe que je ne le prétends. Pardonnez-moi mais c'est la lecture dans le Denzinger de Vatican I qui m'a fait quitter il y a cinq ans (ce dont je me félicite tous les jours que Dieu fait) la position lefebvriste. Je rappelle en effet que Vatican I enseigne que tous les catholiques doivent obéir au pape en matière de foi, de moeurs, de discipline et de gouvernement. Ce qui est radicalement incompatible avec l'enseignement et la pratique de la FSSPX. Il est quand même affolant que la FSSPX, pour justifier sa position hétérodoxe, se croie obligé de reprendre tous les discours mensongers et anathématisés des gallicans, des jansénistes et des vieux catholiques.
 
Vous dites avoir été déçu par un prêtre sédévacantiste. Comme je ne connais pas son nom, je ne puis vous répondre. Mais cela n'a rien d'étonnant. Lorsqu'il n'y a plus d'autorité infaillible à laquelle se référer, comment voulez-vous que les choses fonctionnent bien? Actuellement il s'agit seulement de survivre tant bien que mal. C'est le sauve-qui-peut général. Encore faut-il survivre en confessant la foi et non en cherchant un arrangement adultère avec la Rome moderniste et en étant en communion au canon de la messe avec des destructeurs de la foi catholique. 

Cher Ben, vous me dites que Benoît XVI est haï par le monde. Cela me paraît très excessif. Les gazettes sont à nouveau beaucoup plus favorables à son endroit. Et de toute façon des groupes comme Golias ou des personnalités comme Mgr Gaillot étaient déjà marginalisés sous Jean-Paul II. Que la gauche de l'église conciliaire soit déçue ne prouve rien. La gauche n'aime pas l'Opus Dei. Et pourtant l'Opus Dei est pour la liberté religieuse. Ratzinger s'inscrit tout à fait dans le schéma de Vatican II et ne pas le voir, c'est vraiment prendre ses désirs pour des réalités. Dans un système révolutionnaire, il y a toujours une droite et une gauche. Les deux sont également mauvais et à rejeter totalement. 

Florilège me pose la question de la possibilité d'un nouveau pape. C'est une question complexe à laquelle je répondrais longuement dans le cadre des quarante-huit heures. Tout le monde n'est pas d'ailleurs d'accord sur la réponse à donner mais pour ma part je crois plutôt à une fin du monde assez proche (dans le siècle) sans bien sûr en faire une certitude. D'autres, majoritaires, croient davantage à une restauration soit par conversion partielle ou totale de la hirarchie conciliaire (thèse de Cassiciacum), soit par retour miraculeux d'Apôtres (Pierre et Paul pour les uns, Jean pour d'autres) ou de prophètes (Enoch et Elie). M'appuyant sur l'Evangile où Jésus se demande s'Il retrouvera la foi quand Il retournera sur terre, je crois davantage à un scénario de fin du monde dans les quelques décennies qui viennent. Mais je reconnais qu'il ne s'agit là que d'une hypothèse. Je confesse que ce n'est pas une vision très optimiste , cependant il me semble que les signes sont nombreux qui vont dans ce sens (destruction massive de l'environnement, apostasie générale, folie de la techno-science, vacance prolongée du Saint-Siège, éclipse de l'Eglise catholique depuis Vatican II, immoralité généralisée : avortements massifs, homosexualité militante, féminisme agressif, destruction des nations par le mondialisme...) 

Personnellement, je me désole de voir que Tradiland n'a qu'une obsession : avoir sa messe tridentine enfin reconnue. Comme si l'église conciliaire était l'Eglise catholique. Et comme si la messe ainsi reconnue n'était pas mise au service de Vatican II et des modernistes. Ce qui nous perd, c'est le goût du confort, l'incapacité à embrasser et à tenir des positions radicales et apparemment désespérantes, j'en conviens. Mais que devaient penser les Apôtres le soir du Vendredi Saint? La position lefebvriste est une position de confort. Elle prétend être la vérité. Elle n'est qu'un poison qui donne la mort. Vous comprenez pourquoi, cher Baudelairec2000, je ne puisse avoir aucune indulgence pour des empoisonneurs et des fossoyeurs, même si je tâche de distinguer les victimes des coupables. Ce n'est pas la haine ou la hargne comme vous dites qui me fait écrire, c'est le dégoût et la nausée que m'inspirent les dirigeants actuels et passés de cette organisation de neutralisation de la réaction traditionaliste et d'étouffement de la vérité. D'ailleurs, ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi le pire ennemi de la FSSPX était le sédévacantisme honni, méprisé, vilipendé? Voilà qui devrait faire réfléchir, ne croyez-vous pas? Je me suis toujours méfié des gens qui diabolisaient leur droite. C'est éminemment suspect, surtout dans notre monde de tièdes et de larves.
 
En toute sympathie.
 
Petrus.

jeudi 28 avril 2005

Les 48 heures ou l'extase à l'état brut!

Quelle joie totale! Quel bonheur ineffable! Quel délice indicible ! Ces quarante-huit heures tant promises, tant attendues, le rêve des uns, le cauchemar des autres, enfin là devant nous! 
 
Depuis que la FSSPX s'acharne à discréditer la position sédévacantiste sans d'ailleurs jamais la réfuter (et pour cause!) en jouant sur les peurs, en profitant de son quasi-monopole sacramentel, de sa richesse, de ses relations, de l'aura de Mgr Lefebvre, voilà enfin un débat doctrinal, une controverse théologique. Où toute la vérité pourra être dite sans tabou, sans réserve, sans faux semblant. 
 
C'est pour des moments comme ceux-là que l'on se dit que la vie mérite d'être vécue. 
 
L'on pourra notamment s'attacher au cours des débats à montrer les incohérences, les contradictions, les illogismes et les absurdités de la position, d'ailleurs évolutive et purement praxiste, de la FSSPX. Pour un lefevriste, on peut recevoir une juridiction ordinaire du pape, même à son corps défendant, sacrer des évêques contre sa volonté formelle, ouvrir des écoles, des chapelles et des prieurés sans autorisation de l'autorité que l'on reconnaît comme légitime. Bref, dire et faire n'importe quoi. Au moment des sacres, l'on nous avait ainsi expliqué que l'être profond du pape ne pouvait pas s'opposer aux consécrations de Mgr Lefebvre. Ce qui rappelle la jésuitique distinction des jansénistes entre le sedes et le sedens auquel on pouvait désobéir. Tantôt Jean-Paul II était l'anti-Christ, tantôt le vicaire du Christ. Tantôt l'église conciliaire est l'Eglise catholique, tantôt elle est une fausse église et une nouvelle religion. Comment peut-on détruire davantage les intelligences et la notion de vérité en refusant à ce point le principe de non-contradiction ? C'est un peu comme si l'on disait d'une femme qu'elle n'est ni enceinte ni pas enceinte mais qu'elle est à demi-enceinte et que plus ça va, moins elle est enceinte! 
 
Au cours de ces 48 heures l'on pourra s'essayer à poser les questions essentielles et tâcher d'y répondre : l'église conciliaire est-elle l'Eglise catholique? Les pontifes conciliaires sont-ils les vicaires du Christ? Les nouveaux rites sacramentels sont-ils valides, ont-ils été promulgués par une véritable autorité? Comment expliquer la crise de l'Eglise? Comment en sortir? 
 
Avouez que c'est quand même d'un autre intérêt que de savoir qui de Laguérie ou de Fellay est le méchant et quel est le premier des deux qui a commencé ou qui va être élu au chapitre général de 2006 pour continuer à mentir et à tromper douze ans durant. 
 
Cher Eti, vous disiez hier : "A bas le sédévacantisme!" 
 
Pour ma part, je vous réponds en écho : "à bas la FSSPX!" 
 
Pas de FSSPX dans mon quartier, pas de quartier pour la FSSPX! 
 
Elle est d'ailleurs déjà dans les poubelles de l'histoire! Qu'elle y reste! Grand bien lui fasse! 
 
Petrus. 

mercredi 27 avril 2005

Quel avenir pour la FSSPX ?

Ces dernières semaines j'ai jugé plus sage de me retirer temporairement du FC tant l'unanimisme soviétoïde autour de Jean-Paul II, déjà médiatiquement canonisé, empêchait toute voix discordante de s'exprimer. O combien révélatrice des hommes de notre temps, cette unanimité dans la louange, du Front national au Parti communiste, de La Croix à Présent, de L'Humanité à National-Hebdo, de Libération à L'Action française 2000, du Hamas à Ariel Sharon, de Cuba à l'Italie, des juifs aux musulmans, des bouddhistes aux protestants, des croyants aux athées. Le pontife d'Assise reçoit ici-bas sa récompense. Elle est grandiose. Elle est universelle : un milliard de téléspectateurs pour ses funérailles, un à deux millions de personnes présentes Place Saint-Pierre et aux alentours.

Qu'en sera-t-il au Ciel? Dieu seul le sait mais me revenaient à l'esprit lorsque résonnaient toutes ces louanges dithyrambiques la prophétie de Notre-Seigneur à Ses Apôtres dans l'Evangile selon saint Jean : "Le monde vous haïra comme il m'a haï" et la huitième Béatitude dans l'Evangile selon saint Matthieu : "Heureux serez-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on vous calomniera de toute manière à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux : c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos devanciers" (Matthieu, V, 11 et 12). Avouez que nous en sommes loin. Et que notre monde apostat, matérialiste, hédoniste, relativiste adule ainsi Jean-Paul II devrait, me semble-t-il, être matière à réflexion.

Mais comme une image chasse l'autre, voici l'avènement de Benoît XVI. Alors là, ce ne sont plus les pleurnicheries médiatiques qui ont accompagné la mort de Jean-Paul II, c'est une délirante bouffée d'enthousiasme qui submerge la quasi-totalité de la galaxie traditionaliste comme en témoignent tant les messages euphoriques sur le FC que le communiqué de Mgr Fellay, les déclarations très optimistes de l'abbé Régis de Cacqueray au Figaro, les interventions des abbés Barthe et de Tanoüarn sur Radio Courtoisie, l'emballement de l'abbé Aulagnier ; ça frétille, ça s'excite, ça s'enthousiasme! Attention, messieurs les abbés, l'excitation, c'est comme les moules pas fraîches, quand on en abuse, ça fait mal au ventre!

Toujours est-il qu'on assiste à une course au ralliement à l'église conciliaire de tous les côtés de Tradiland. C'est à celui qui arrivera le premier sur la ligne d'arrivée décrochant le pompon du philoratzinguérisme. L'abbé Barthe, longtemps sédévacantiste, est désormais officiellement una cum famulo tuo Papa nostro Benedicto au canon de la messe. Du côté cacquerayso-fellaysien comme du côté laguéro-tanoüarnien on ne parle que de régularisation canonique.

Le vent d'enthousiasme qui avait suivi l'élection de Jean-Paul II avait divisé et neutralisé une grande partie de la résistance traditionaliste. C'est à cette époque que Mgr Lefebvre a commencé la chasse aux sédévacantistes parmi ses prêtres et ses séminaristes à la grande joie de Dom Gérard et de Jean Madiran. Car il en va à Tradiland du sédévacantisme comme du révisionnisme dans la société : c'est sulfureux, c'est tabou, n'en parlons pas, je vous en prie. Nous sommes entre gens bien élevés, n'est-ce pas?

Eh bien la neutralisation de la réaction traditionaliste, déjà fortement amorcée sous le règne de Jean-Paul II, est en voie d'achèvement sous le règne de Benoît XVI. Je suis personnellement prêt à parier qu'avant la fin de la décennie, et probablement bien avant, la FSSPX se sera ralliée à l'église post Vatican II. Tout ça pour ça serait-on tenté de dire? Après trente ans de dissidence envers une autorité reconnue comme légitime contre vents et marées, voilà que l'on prépare en douceur le ralliement des quatre évêques, des 450 prêtres et des quelques dizaines de milliers de fidèles de la FSSPX et des oeuvres amies. Peu importe que Joseph Ratzinger ait redit, une fois élu, sa ferme volonté d'appliquer Vatican II, l'oecuménisme, la collégialité, le dialogue interreligieux, peu importe qu'il soit appuyé par le courant néo-conservateur américain, peu importe que son élection ait été chaleureusement applaudie par les juifs et par le clan Bush, peu importe qu'il fut le premier naguère à reconnaître la prétendue responsabilité de l'Eglise catholique dans l'"Holocauste", aucune réserve, aucune critique n'est désormais permise. C'est l'extase à Tradiland!

Après Mater Ecclesiae, Dom Augustin (1986), la Fraternité Saint-Pierre, les soeurs de Pontcallec et le Barroux (1988), l'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre (1990), la Société Saint-Jean (1999), Campos(2002), ne reste plus qu'à avaler la FSSPX qui manifestement ne demande que cela. Les prêtres lassés, fourbus (30 ans, c'est long!), divisés (crise de Bordeaux, puis à Paris, crise des séminaires, problèmes graves dans le district d'Allemagne, en Amérique), les fidèles désireux de revenir à la pleine communion avec les conciliaires, les jeunes de s'insérer pleinement dans la vie sociale et professionnelle, ce qui est plus facile quand ne pèsent pas sur soi la sentence d'excommunication et l'accusation de schisme, tout concourt à un ralliement rapide et en bonne et due forme.

Que les "tradi" ne s'inquiètent pas : on leur laissera la place pour la messe traditionnelle dans le Panthéon d'Assise! Et s'ils veulent en plus le Syllabus, ils l'auront! A côté de Vatican II! Quand on aime, on ne compte pas! Pie IX et Jean XXIII béatifiés en même temps, c'est-à-dire tout et son contraire!

Et le jour où la FSSPX se ralliera, je vois d'ici les manchettes : "Grand jour pour l'Eglise", "Victoire pour la Tradition". Avec un grand T comme tartuferie!

Comme me faisait justement remarquer une dame à la pointe du combat depuis trente ans : "que vouliez-vous qu'il sortît de bon d'une source empoisonnée comme Lefebvre qui a dit et fait tout et le contraire de tout?"

En une phrase, tout est dit.

Chapeau, la FSSPX!

Rideau!

Petrus.